La Loire, fil conducteur d’une mémoire de …1000 ans
Depuis
mille ans, la Maison Forte - la bien nommée- tient tête à toutes les
bourrasques de l’Histoire comme du climat, aux passions des hommes comme
aux colères du fleuve. Elle a vu partir les croisés, s’affronter les
religionnaires, faire le dos rond sous la Révolution, sans jamais cesser
d’être : le toit d’une famille.
Dès 1097, Volhac se trouve
mentionné dans une charte, comme petite place forte et fief offert en
mariage à une fille de la maison de Polignac. Depuis l’origine, les
seigneurs de Volhac assurent la garde du passage de la Loire. Plus
tard, aux mains de la famille Spert, de riches marchands et bourgeois du
Puy dont l’un occupera les charges de consul et capitaine général de la
ville, la maison sera éprouvée par les aléas des guerres de religion :
ses occupants y défendent farouchement leur attachement à la foi
catholique, ce qui vaut à la maison forte d’être incendiée, en 1594,
par le duc de Ventadour venu réduire tous les points de résistance au
tout récent Henri IV.
Puis vient une longue déshérence, la maison
subsiste à l’état de ruine, gardant l’empreinte de ces tragiques
évènements, jusqu’au 18e siècle. En 1784, un nouveau seigneur, Pierre
Chardon des Roys, la reprend et la restaure avant d’en être chassé par
les tumultes de la Convention. La tradition rapporte que ce dernier, à
l’heure d’être pris par les sans-culottes, serait sorti de la maison à
cheval et pistolets aux poings, avant de fuir, pour rejoindre en
émigration, l’armée du prince de Condé. Pillage et incendie s’ensuivront
une nouvelle fois.
La fin de la Révolution voit le retour des
anciens maîtres. Viennent des heures plus calmes, propices aux
restaurations et aux aménagements. La famille de Vinols qui l’habite
désormais occupe à plusieurs reprises des fonctions électives,
s’efforçant de transmettre la tradition dans un esprit d’ouverture.
Louis, conseiller général, est l’auteur d’un livre d’histoire sur les
guerres de religion dans le Velay. Jules fut élu député en 1871 et maire
de Coubon pendant de longues années. François, passionné de peinture et de photographie, et
lui-même peintre paysagiste fut également maire de Coubon. Le 19e
siècle change l’austère place forte médiévale en demeure d’agrément et
lui donne l’aspect qu’elle conserve aujourd’hui : celui d’une riante
villégiature, amie des lettres et des arts, sous la protection tutélaire
de la Loire sauvage.
Depuis 1989, Anne et Jean Muller s'attachent à restaurer la maison dans l'esprit de son passé tout en l'ouvrant régulièrement à diverses activités culturelles. A l’abri derrière ses vieux murs, on aime à évoquer tous les hôtes, réels ou imaginaires, qu’elle aurait reçus ou abrités, des rudes barons de jadis à George Sand qui séjourna tout près, à Stevenson flanqué de l’ânesse Modestine sur la route du Gard, aux marcheurs d’aujourd’hui qui viennent trouver repos et dépaysement au fil de la jeune Loire. Car depuis l’origine, c’est bien la Loire qui tisse la trame de l’histoire de la Maison Forte : le passé y parle encore à voix basse pour qui veut l’écouter, s’arrêter, méditer, loin des fracas du monde.


DESCRIPTIF ARCHITECTURAL DE LA MAISON FORTE

D’où son plan si singulier, en pentagone aplati, flanqué aux quatre angles principaux d’échauguettes* en surplomb sur leurs culots moulurés, au midi d’une bretèche* à arquebusières*, à l’ouest d’un mâchicoulis* défendant l’entrée principale.
réalisés au 19e siècle,


Le souterrain du 12e siècle La bretèche
* Echauguette : tourelle d’angle en surplomb sur un culot ou un contrefort.
* Bretèche : logette rectangulaire saillant sur un mur, à usage défensif, souvent munie d’archères ou d’arquebusières servant au tir.
* Arquebusière : petite meurtrière servant à pointer le tir des arquebuses.
* Mâchicoulis : ouverture pratiquée dans le sol d'un chemin de ronde.
